Au cœur de l’atelier : fabriquer une chaussure, la rencontre de savoir-faire

La chaussure souligne une personnalité, dessine un caractère. Elle dit quelque chose de la femme qui la porte et lui permet d’avancer avec confiance et sérénité. C’est un objet de fantasme, un objet de rêve, mais aussi un objet technique. La chaussure a en effet une fonction pratique : celle de nous chausser et de nous porter. La force et le poids d’un corps lui demandent d’être souple et confortable, mais aussi robuste et résistante.

C’est là qu’interviennent les magiciens ! Du croquis à la finition, en passant par la coupe des cuirs et le montage, la chaussure naît de la rencontre de plusieurs savoir-faire. C’est un travail d’équipe qui nécessite échange, écoute, compréhension et cohésion. 

Nous vous invitons au cœur du processus de création.

 

L'esquisse

La première étape de la naissance d’un modèle est le croquis. Charlotte dessine toutes les chaussures de LA LIGNE NUMÉROTÉE dans son atelier en Bourgogne.

Depuis dix-sept ans, Charlotte collecte des images d’inspiration qui nourrissent son imaginaire. Ce sont des peintures, des sculptures, des photographies ou des collages. Parfois, elles sont le point de départ d’une idée précise ; parfois, elles l’accompagnent simplement dans son environnement et viennent s’inscrire dans son univers graphique.

"La chaussure est une architecture où les proportions et l'équilibre sont essentiels. Les lignes, le dessin, la construction, les volumes, les matières, les couleurs, composent une chaussure. Le jeu de combinaison de ces six notions est au cœur de mon métier, c’est un puzzle infini qui me passionne !" Charlotte Sauvat

 

Croquis réalisés par la designer française Charlotte Sauvat pour La Ligne Numérotée.

 

La forme

La forme est à la chaussure ce que le corps est au vêtement. Construire la forme d’une chaussure est un métier à part entière : celui du formier, qui travaille main dans la main avec le talonnier.

Le métier de formier est rare et indispensable. Selon l'Institut National Métiers d'Art il n'y en aurait plus qu'une dizaine en Europe. Il travaille ce que l'on appelle le « chaussant » : c’est la manière dont la chaussure convient au pied. En fonction du dessin, le formier donne les mesures, les courbes, le galbe de la forme. Il est responsable de l’esprit et de la structure du soulier, mais aussi de son confort. 

 

La forme est à la chaussure ce que le corps est au vêtement - La Ligne Numérotée

 

Le patronage 

Le patronnier est l’intermédiaire entre le styliste et la fabrication : Il passe du croquis en deux dimensions à une maquette en trois dimensions. On l’appelle aussi modéliste. Son travail est au millimètre près. Il doit être extrêmement précis et élégant dans ses lignes.

C’est une personne clé dans l’interprétation du croquis : il est indispensable que l’alchimie opère entre lui et le styliste. Il travaille aussi main dans la main avec la piqueuse qui sera en charge de l’assemblage des pièces.

Nos chaussures sont modélisées en Toscane dans un atelier familial. Pour faciliter le travail des modélistes, Charlotte reproduit sur forme tous ses dessins.

 

Le patronage, interprétation d'un dessin. La Ligne Numérotée

 

La coupe

Grâce au travail du patronnier, le coupeur peut se charger de préparer les morceaux de cuir nécessaires à la fabrication de la chaussure. Son expertise lui permet de sélectionner les plus belles parties du cuir et d’optimiser la coupe pour éviter la gâche. Selon le type de cuir et la quantité de modèles à produire, la coupe peut être faite à la main, avec un emporte-pièce, ou au laser.

Nos cuirs proviennent d’ateliers italiens. Nous travaillons différents types de cuir dont le cuir à tannage végétal, tanné naturellement et sans chrome, grâce à des tannins végétaux. Cette technique de tannage est respectueuse de l’environnement car le tannin est naturel. Elle est aussi plus saine pour les fabricants qui la pratiquent car elles ne les mettent pas en contact avec des produits chimiques. Enfin, le tannage naturel permet de conserver la texture, la transparence et l’aspect de la peau : c’est ce qui rend chaque pièce unique.

Selon les éditions, nous utilisons d’autres matières. Certaines déclinaisons des N.001 et N.005 sont composées de toile de lin enduite, fabriquée en France.

Sur certains modèles, Charlotte peut être amenée à découper des cuirs dans son atelier, dès la phase de recherche, pour simuler un montage sur forme.

 

La coupe : sélection des plus belles parties du cuir, optimisation de gache.. La coupe est faite à la main ou au laser. La Ligne Numérotée

 

La piqûre

La piqueuse est la personne qui monte et assemble les différents morceaux de cuir. Elle travaille sur la tige et sur la doublure (partie extérieure et partie intérieure de la chaussure). Très souvent, elle intervient dès le prototypage et travaille main dans la main avec le modéliste. C’est souvent elle qui trouve le bon mode opératoire pour optimiser la matière, trouver les astuces d'assemblage, réduire les temps de fabrication et réduire les épaisseurs pour améliorer le confort.

Sur certaines éditions, nous travaillons la chaussure sans la doubler. C’est le cas de la bottine N.002 : c’est ce qui donne à cette bottine "double peau" son touché soyeux et sa légèreté.

 

Le montage

Le monteur assemble les différentes parties de la chaussure :
- la première de montage, partie rigide sur laquelle repose le pied
- la tige qui recouvre le pied est composée du cuir et de la doublure
- la semelle d'usure est la partie en contact avec le sol 

Le montage se fait sur forme en trois étapes. Le monteur commence par fixer la première de montage sur la forme. Il positionne ensuite la tige sur le dessus de la forme, en s’assurant de maintenir son axe. Il tire de chaque côté de la tige pour la mouler sur la forme. Enfin, le monteur colle les semelles sous la première de propreté.

Toutes nos doublures et premières de propreté sont en cuir de veau végétal en provenance d’Italie. Cette qualité de doublure donne un aspect naturel et élégant à la chaussure et apporte une sensation douce et un grand confort au porté. Toutes nos semelles sont en cuir de vache et sont traitées et ennoblies d’une patine.

Aujourd'hui la plupart des usines utilisent des machines pour monter, mais le montage à la main perdure auprès des artisans et de certaines Maisons qui travaillent sur mesure. L’assemblage et le montage de nos chaussures sont réalisés en Italie dans le même atelier que le patron et la coupe. 

 

Atelier de Charlotte Sauvat : travail de la tige sur une forme en bois. La Ligne Numérotée

 

Le finissage

La finition est l'ultime étape, celle qui fait la différence. C'est le moment où nous bichonnons vos paires : petites retouches, on coupe les fils, on cire... et on emballe soigneusement dans du papier de soie !

 

La chaussure est un travail d’équipe au cours duquel chacun apporte son expérience, son savoir-faire et sa sensibilité. C’est ce qui garantit la qualité et la singularité de chaque édition !

"Chaque chaussure nous amène à penser différemment, chaque modèle demande à ce que l’on s’adapte. Se réunir autour d’une table, observer un dessin et réfléchir ensemble à la manière dont on pourra le réaliser. C’est un moment que j’affectionne particulièrement. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et va au-delà de ses limites pour trouver des solutions. On échange, on se fait confiance et on crée ensemble."


Charlotte Sauvat